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Mack Rides formule sûrement l’exemple le plus direct d’une synergie mêlant joie et technique. Entreprise spécialisée dans la construction de montagnes russes implantée en Allemagne, Mack Rides nous a révélé son histoire, ses méthodes et son processus créatif.
Units Research Review : Comment votre entreprise a-t-elle commencé à travailler dans le secteur des montagnes russes ?
Mack Rides Engineering Team : La famille Mack a fondé l'entreprise en 1780 à Waldkirch en Allemagne. Paul Mack était un artisan, responsable de la distribution de l'eau de la ville. Il créait également des petites voitures à cette époque. Au fil des décennies, les trains se sont développés et la famille Mack est devenue une entreprise réputée pour ses wagons de transport de personnes et de marchandises. Les wagons étaient utilisés par les équipes de construction, le cirque et pour la construction de maisons mobiles temporaires.
C'est là que le lien avec le carnaval entre en jeu dans notre histoire. Notre ville natale, Waldkirch, est connue pour sa facture d'orgues, avec de nombreuses entreprises dans le domaine. Ces orgues étaient un élément clé sur de nombreux terrains de foire, mais ils étaient grands et lourds. Pour leur transport, les fabricants d'orgues ont demandé à notre société de construire des plateformes mobiles (pour transporter l'instrument de musique d'un endroit à l'autre). Nous avons ensuite créé de nombreuses pièces détachées pour les carrousels et nous nous sommes lancés dans le commerce des manèges.
Notre première montagne russe a été construite en 1921 dans la ville de Bâle, juste de l'autre côté du Rhin en Suisse. Les temps étaient assez durs pour l'industrie, car l'inflation a frappé l'Allemagne de plein fouet à cette époque. Ce premier manège était en bois avec des wagons individuels et un système de levage en spirale. La même idée a été utilisée pour nos montagnes russes Eurosat et Euromir à Europa-Park. C’était un manège transportable qui a beaucoup voyagé et a été vendu d'abord au Tivoli au Danemark et ensuite à un parc en Suède où il a brûlé dans les années 1950.
U.R.R : Pouvez-vous nous expliquer le processus de conception d'une montagne russe ?
M.R.E.T : Pour concevoir une montagne russe, les étapes sont toujours les mêmes :
U.R.R : Dans le domaine des montagnes russes, d'où vient l'innovation, est-ce de la “créativité brute” ? des développements techniques ? ou des deux ?
M.R.E.T : En gros, c'est la créativité et la volonté de mettre sur le marché quelque chose de nouveau, qui n'a jamais été fait auparavant. Bien sûr, il y a les limites liées aux forces et à ce qui est techniquement possible, mais nous essayons de penser constamment à de nouveaux moyens et à de nouvelles idées.
Beaucoup de concepts sont tirés de la voltige aérienne. Nous nous intéressons aussi à d'autres sports à haute adrénaline afin de créer une expérience similaire mais pour un public beaucoup plus large.
Certaines de nos idées proviennent des phases de développements ou d'évolutions des anciens manèges. Les nouvelles technologies nous aident à créer de nouveaux produits comme les lanceurs de montagnes russes — sans l'innovation d'un moteur synchrone linéaire, nous n'aurions pas été en mesure de créer un tel produit. Ce n'est donc pas toujours l'innovation de notre entreprise, mais également ce que nous proposent nos partenaires.
U.R.R : Comment prototypez-vous une nouvelle montagne russe ?
M.R.E.T : Aujourd'hui, tout est fait par simulation informatique. Nous prenons les différentes données pour travailler virtuellement à la volée. Nous pouvons même prendre des parties de nos trains et les pousser à travers une voie virtuelle pour voir comment elles se comportent et s'il y a des collisions que nous devons éviter.
À l'ère pré-informatique, nous installions tous nos manèges et montagnes russes dans notre usine et nous les testions encore et encore avant de les démanteler et de les expédier. Dans les parcs, nous les remontions, les testions et les mettions en service.
Bien sûr, certains systèmes de manèges ont encore aujourd'hui des prototypes que nous essayons de tester à petite échelle afin d'avoir une idée de la sensation qu'ils procurent. Mais c'est plutôt rare, nous faisons 80% par simulation.
U.R.R : Quelle est alors la démarche pour obtenir les sensations que le public va expérimenter ?
M.R.E.T : Les montagnes russes fonctionnent sur deux sensations : la peur pendant l’attraction, et le soulagement après. Si vous n'êtes pas un visiteur régulier des parcs d'attractions, vous serez excités par le risque que vous allez prendre en faisant une boucle ou une inversion. Plus généralement, la hauteur est un élément toujours très excitant.
En ce qui concerne les mouvements des voitures et des passagers, nous travaillons avec différentes forces g, qu’elles soient positives ou négatives. À moins d'être pilote de chasse, c’est une sensation que peu de gens peuvent expérimenter. Tous ces éléments combinés en quantités suffisantes nous permettent d'obtenir des montagnes russes parfaites.
U.R.R : La plupart des montagnes russes ont tendance à communiquer sur la taille, la vitesse, la hauteur, y a-t-il d’autres alternatives ?
M.R.E.T : La communication et le marketing avec des statistiques c’est sympa, et de nombreux parcs d'attractions ne comptent que sur cela. Mais une bonne montagne russe n'a pas besoin de chiffres. C'est ce que nous essayons toujours de communiquer. Au delà de la communication c’est le ressenti qui compte par une bonne combinaison d'excitation, visuelle et physique.
U.R.R : Les montagnes russes sont généralement constituées de structures métalliques brutes, sans aucune dissimulation technique. Pouvez-vous nous expliquer les liens entre visibilité technique et expérience ?
M.R.E.T : Nous travaillons avec ces effets visuels tout le temps — même lorsque les montagnes russes ne sont pas à l'intérieur d'un bâtiment. Vous pouvez donner l'impression que les montagnes russes sont plus rapides, lorsque vous vous approchez des structures extérieures ou que vous les rapprochez du sol. Par des jeux de pénombre et de lumières directionnelles, vous pouvez tromper les sens, notamment sur la taille et la proximité des éléments. Un bon exemple est notre montagne russe Helix à Liseberg, qui est construite pour s'adapter exactement à la pente d'une colline. Ce n’est pas la plus haute de nos montagnes russes, mais la combinaison de la proximité au sol et des éléments extérieurs rendent son expérience exceptionnelle.
Le Rocking Boat est un autre bon exemple : ici nous n'avons pas de sécurité, au premier regard. Notre technologie se situe sous le niveau de l'eau et donc hors de la vue des passagers. Imaginez un bateau qui se trouve en pleine mer et qui sera poussé par les vagues — à première vue, cela semble effrayant et dangereux mais vous pouvez voir l'ancre au sol pour maintenir le bateau en position. Et c'est ce que nous faisons : le bateau à bascule est maintenu en place par une deuxième voiture d'entraînement sous le niveau de l'eau, qui est reliée au bateau au-dessus, le gardant en position pendant tout le trajet.
U.R.R : Quelle est la montagne russe la plus “extrême” que Mack Rides ait jamais conçue ?
M.R.E.T : “Extrême” est un terme qui ne nous concerne pas réellement. Qu'est-ce qui est extrême ? Les forces les plus négatives ? Les plus élevées ? Les plus rapides ? En ce sens, notre montagne russe la plus ambitieuse est jusqu'à aujourd'hui Helix au parc suédois de Liseberg : 7 Inversions, 2 rampes de lancement, un concept de siège très ouvert.
U.R.R : Les gens pensent souvent que l'ingénierie mécanique a une connotation très sérieuse, mais ici l'ingénierie est là pour apporter de la joie, pouvez-vous nous parler de cette confrontation entre plaisir et technique ?
M.R.E.T : Pour mes collègues et moi, c'est une chose très spéciale de travailler dans une industrie qui ne vise qu'à créer du plaisir. Notre showfloor étant situé à seulement 30 minutes de notre entreprise, nous visitons souvent Europa-Park pour recueillir les réactions des visiteurs qui ont expérimenté nos manèges. C'est un sentiment formidable d'aller travailler et de savoir que l'on crée un produit dont le seul but est d'apporter de l'excitation et de la joie.
Units Research Review : Comment votre entreprise a-t-elle commencé à travailler dans le secteur des montagnes russes ?
Mack Rides Engineering Team : La famille Mack a fondé l'entreprise en 1780 à Waldkirch en Allemagne. Paul Mack était un artisan, responsable de la distribution de l'eau de la ville. Il créait également des petites voitures à cette époque. Au fil des décennies, les trains se sont développés et la famille Mack est devenue une entreprise réputée pour ses wagons de transport de personnes et de marchandises. Les wagons étaient utilisés par les équipes de construction, le cirque et pour la construction de maisons mobiles temporaires.
C'est là que le lien avec le carnaval entre en jeu dans notre histoire. Notre ville natale, Waldkirch, est connue pour sa facture d'orgues, avec de nombreuses entreprises dans le domaine. Ces orgues étaient un élément clé sur de nombreux terrains de foire, mais ils étaient grands et lourds. Pour leur transport, les fabricants d'orgues ont demandé à notre société de construire des plateformes mobiles (pour transporter l'instrument de musique d'un endroit à l'autre). Nous avons ensuite créé de nombreuses pièces détachées pour les carrousels et nous nous sommes lancés dans le commerce des manèges.
Notre première montagne russe a été construite en 1921 dans la ville de Bâle, juste de l'autre côté du Rhin en Suisse. Les temps étaient assez durs pour l'industrie, car l'inflation a frappé l'Allemagne de plein fouet à cette époque. Ce premier manège était en bois avec des wagons individuels et un système de levage en spirale. La même idée a été utilisée pour nos montagnes russes Eurosat et Euromir à Europa-Park. C’était un manège transportable qui a beaucoup voyagé et a été vendu d'abord au Tivoli au Danemark et ensuite à un parc en Suède où il a brûlé dans les années 1950.
U.R.R : Pouvez-vous nous expliquer le processus de conception d'une montagne russe ?
M.R.E.T : Pour concevoir une montagne russe, les étapes sont toujours les mêmes :
U.R.R : Dans le domaine des montagnes russes, d'où vient l'innovation, est-ce de la “créativité brute” ? des développements techniques ? ou des deux ?
M.R.E.T : En gros, c'est la créativité et la volonté de mettre sur le marché quelque chose de nouveau, qui n'a jamais été fait auparavant. Bien sûr, il y a les limites liées aux forces et à ce qui est techniquement possible, mais nous essayons de penser constamment à de nouveaux moyens et à de nouvelles idées.
Beaucoup de concepts sont tirés de la voltige aérienne. Nous nous intéressons aussi à d'autres sports à haute adrénaline afin de créer une expérience similaire mais pour un public beaucoup plus large.
Certaines de nos idées proviennent des phases de développements ou d'évolutions des anciens manèges. Les nouvelles technologies nous aident à créer de nouveaux produits comme les lanceurs de montagnes russes — sans l'innovation d'un moteur synchrone linéaire, nous n'aurions pas été en mesure de créer un tel produit. Ce n'est donc pas toujours l'innovation de notre entreprise, mais également ce que nous proposent nos partenaires.
U.R.R : Comment prototypez-vous une nouvelle montagne russe ?
M.R.E.T : Aujourd'hui, tout est fait par simulation informatique. Nous prenons les différentes données pour travailler virtuellement à la volée. Nous pouvons même prendre des parties de nos trains et les pousser à travers une voie virtuelle pour voir comment elles se comportent et s'il y a des collisions que nous devons éviter.
À l'ère pré-informatique, nous installions tous nos manèges et montagnes russes dans notre usine et nous les testions encore et encore avant de les démanteler et de les expédier. Dans les parcs, nous les remontions, les testions et les mettions en service.
Bien sûr, certains systèmes de manèges ont encore aujourd'hui des prototypes que nous essayons de tester à petite échelle afin d'avoir une idée de la sensation qu'ils procurent. Mais c'est plutôt rare, nous faisons 80% par simulation.
U.R.R : Quelle est alors la démarche pour obtenir les sensations que le public va expérimenter ?
M.R.E.T : Les montagnes russes fonctionnent sur deux sensations : la peur pendant l’attraction, et le soulagement après. Si vous n'êtes pas un visiteur régulier des parcs d'attractions, vous serez excités par le risque que vous allez prendre en faisant une boucle ou une inversion. Plus généralement, la hauteur est un élément toujours très excitant.
En ce qui concerne les mouvements des voitures et des passagers, nous travaillons avec différentes forces g, qu’elles soient positives ou négatives. À moins d'être pilote de chasse, c’est une sensation que peu de gens peuvent expérimenter. Tous ces éléments combinés en quantités suffisantes nous permettent d'obtenir des montagnes russes parfaites.
U.R.R : La plupart des montagnes russes ont tendance à communiquer sur la taille, la vitesse, la hauteur, y a-t-il d’autres alternatives ?
M.R.E.T : La communication et le marketing avec des statistiques c’est sympa, et de nombreux parcs d'attractions ne comptent que sur cela. Mais une bonne montagne russe n'a pas besoin de chiffres. C'est ce que nous essayons toujours de communiquer. Au delà de la communication c’est le ressenti qui compte par une bonne combinaison d'excitation, visuelle et physique.
U.R.R : Les montagnes russes sont généralement constituées de structures métalliques brutes, sans aucune dissimulation technique. Pouvez-vous nous expliquer les liens entre visibilité technique et expérience ?
M.R.E.T : Nous travaillons avec ces effets visuels tout le temps — même lorsque les montagnes russes ne sont pas à l'intérieur d'un bâtiment. Vous pouvez donner l'impression que les montagnes russes sont plus rapides, lorsque vous vous approchez des structures extérieures ou que vous les rapprochez du sol. Par des jeux de pénombre et de lumières directionnelles, vous pouvez tromper les sens, notamment sur la taille et la proximité des éléments. Un bon exemple est notre montagne russe Helix à Liseberg, qui est construite pour s'adapter exactement à la pente d'une colline. Ce n’est pas la plus haute de nos montagnes russes, mais la combinaison de la proximité au sol et des éléments extérieurs rendent son expérience exceptionnelle.
Le Rocking Boat est un autre bon exemple : ici nous n'avons pas de sécurité, au premier regard. Notre technologie se situe sous le niveau de l'eau et donc hors de la vue des passagers. Imaginez un bateau qui se trouve en pleine mer et qui sera poussé par les vagues — à première vue, cela semble effrayant et dangereux mais vous pouvez voir l'ancre au sol pour maintenir le bateau en position. Et c'est ce que nous faisons : le bateau à bascule est maintenu en place par une deuxième voiture d'entraînement sous le niveau de l'eau, qui est reliée au bateau au-dessus, le gardant en position pendant tout le trajet.
U.R.R : Quelle est la montagne russe la plus “extrême” que Mack Rides ait jamais conçue ?
M.R.E.T : “Extrême” est un terme qui ne nous concerne pas réellement. Qu'est-ce qui est extrême ? Les forces les plus négatives ? Les plus élevées ? Les plus rapides ? En ce sens, notre montagne russe la plus ambitieuse est jusqu'à aujourd'hui Helix au parc suédois de Liseberg : 7 Inversions, 2 rampes de lancement, un concept de siège très ouvert.
U.R.R : Les gens pensent souvent que l'ingénierie mécanique a une connotation très sérieuse, mais ici l'ingénierie est là pour apporter de la joie, pouvez-vous nous parler de cette confrontation entre plaisir et technique ?
M.R.E.T : Pour mes collègues et moi, c'est une chose très spéciale de travailler dans une industrie qui ne vise qu'à créer du plaisir. Notre showfloor étant situé à seulement 30 minutes de notre entreprise, nous visitons souvent Europa-Park pour recueillir les réactions des visiteurs qui ont expérimenté nos manèges. C'est un sentiment formidable d'aller travailler et de savoir que l'on crée un produit dont le seul but est d'apporter de l'excitation et de la joie.
Mack Rides formule sûrement l’exemple le plus direct d’une synergie mêlant joie et technique. Entreprise spécialisée dans la construction de montagnes russes implantée en Allemagne, Mack Rides nous a révélé son histoire, ses méthodes et son processus créatif.
Units Research Review : Comment votre entreprise a-t-elle commencé à travailler dans le secteur des montagnes russes ?
Mack Rides Engineering Team : La famille Mack a fondé l'entreprise en 1780 à Waldkirch en Allemagne. Paul Mack était un artisan, responsable de la distribution de l'eau de la ville. Il créait également des petites voitures à cette époque. Au fil des décennies, les trains se sont développés et la famille Mack est devenue une entreprise réputée pour ses wagons de transport de personnes et de marchandises. Les wagons étaient utilisés par les équipes de construction, le cirque et pour la construction de maisons mobiles temporaires.
C'est là que le lien avec le carnaval entre en jeu dans notre histoire. Notre ville natale, Waldkirch, est connue pour sa facture d'orgues, avec de nombreuses entreprises dans le domaine. Ces orgues étaient un élément clé sur de nombreux terrains de foire, mais ils étaient grands et lourds. Pour leur transport, les fabricants d'orgues ont demandé à notre société de construire des plateformes mobiles (pour transporter l'instrument de musique d'un endroit à l'autre). Nous avons ensuite créé de nombreuses pièces détachées pour les carrousels et nous nous sommes lancés dans le commerce des manèges.
Notre première montagne russe a été construite en 1921 dans la ville de Bâle, juste de l'autre côté du Rhin en Suisse. Les temps étaient assez durs pour l'industrie, car l'inflation a frappé l'Allemagne de plein fouet à cette époque. Ce premier manège était en bois avec des wagons individuels et un système de levage en spirale. La même idée a été utilisée pour nos montagnes russes Eurosat et Euromir à Europa-Park. C’était un manège transportable qui a beaucoup voyagé et a été vendu d'abord au Tivoli au Danemark et ensuite à un parc en Suède où il a brûlé dans les années 1950.
U.R.R : Pouvez-vous nous expliquer le processus de conception d'une montagne russe ?
M.R.E.T : Pour concevoir une montagne russe, les étapes sont toujours les mêmes :
U.R.R : Dans le domaine des montagnes russes, d'où vient l'innovation, est-ce de la “créativité brute” ? des développements techniques ? ou des deux ?
M.R.E.T : En gros, c'est la créativité et la volonté de mettre sur le marché quelque chose de nouveau, qui n'a jamais été fait auparavant. Bien sûr, il y a les limites liées aux forces et à ce qui est techniquement possible, mais nous essayons de penser constamment à de nouveaux moyens et à de nouvelles idées.
Beaucoup de concepts sont tirés de la voltige aérienne. Nous nous intéressons aussi à d'autres sports à haute adrénaline afin de créer une expérience similaire mais pour un public beaucoup plus large.
Certaines de nos idées proviennent des phases de développements ou d'évolutions des anciens manèges. Les nouvelles technologies nous aident à créer de nouveaux produits comme les lanceurs de montagnes russes — sans l'innovation d'un moteur synchrone linéaire, nous n'aurions pas été en mesure de créer un tel produit. Ce n'est donc pas toujours l'innovation de notre entreprise, mais également ce que nous proposent nos partenaires.
U.R.R : Comment prototypez-vous une nouvelle montagne russe ?
M.R.E.T : Aujourd'hui, tout est fait par simulation informatique. Nous prenons les différentes données pour travailler virtuellement à la volée. Nous pouvons même prendre des parties de nos trains et les pousser à travers une voie virtuelle pour voir comment elles se comportent et s'il y a des collisions que nous devons éviter.
À l'ère pré-informatique, nous installions tous nos manèges et montagnes russes dans notre usine et nous les testions encore et encore avant de les démanteler et de les expédier. Dans les parcs, nous les remontions, les testions et les mettions en service.
Bien sûr, certains systèmes de manèges ont encore aujourd'hui des prototypes que nous essayons de tester à petite échelle afin d'avoir une idée de la sensation qu'ils procurent. Mais c'est plutôt rare, nous faisons 80% par simulation.
U.R.R : Quelle est alors la démarche pour obtenir les sensations que le public va expérimenter ?
M.R.E.T : Les montagnes russes fonctionnent sur deux sensations : la peur pendant l’attraction, et le soulagement après. Si vous n'êtes pas un visiteur régulier des parcs d'attractions, vous serez excités par le risque que vous allez prendre en faisant une boucle ou une inversion. Plus généralement, la hauteur est un élément toujours très excitant.
En ce qui concerne les mouvements des voitures et des passagers, nous travaillons avec différentes forces g, qu’elles soient positives ou négatives. À moins d'être pilote de chasse, c’est une sensation que peu de gens peuvent expérimenter. Tous ces éléments combinés en quantités suffisantes nous permettent d'obtenir des montagnes russes parfaites.
U.R.R : La plupart des montagnes russes ont tendance à communiquer sur la taille, la vitesse, la hauteur, y a-t-il d’autres alternatives ?
M.R.E.T : La communication et le marketing avec des statistiques c’est sympa, et de nombreux parcs d'attractions ne comptent que sur cela. Mais une bonne montagne russe n'a pas besoin de chiffres. C'est ce que nous essayons toujours de communiquer. Au delà de la communication c’est le ressenti qui compte par une bonne combinaison d'excitation, visuelle et physique.
U.R.R : Les montagnes russes sont généralement constituées de structures métalliques brutes, sans aucune dissimulation technique. Pouvez-vous nous expliquer les liens entre visibilité technique et expérience ?
M.R.E.T : Nous travaillons avec ces effets visuels tout le temps — même lorsque les montagnes russes ne sont pas à l'intérieur d'un bâtiment. Vous pouvez donner l'impression que les montagnes russes sont plus rapides, lorsque vous vous approchez des structures extérieures ou que vous les rapprochez du sol. Par des jeux de pénombre et de lumières directionnelles, vous pouvez tromper les sens, notamment sur la taille et la proximité des éléments. Un bon exemple est notre montagne russe Helix à Liseberg, qui est construite pour s'adapter exactement à la pente d'une colline. Ce n’est pas la plus haute de nos montagnes russes, mais la combinaison de la proximité au sol et des éléments extérieurs rendent son expérience exceptionnelle.
Le Rocking Boat est un autre bon exemple : ici nous n'avons pas de sécurité, au premier regard. Notre technologie se situe sous le niveau de l'eau et donc hors de la vue des passagers. Imaginez un bateau qui se trouve en pleine mer et qui sera poussé par les vagues — à première vue, cela semble effrayant et dangereux mais vous pouvez voir l'ancre au sol pour maintenir le bateau en position. Et c'est ce que nous faisons : le bateau à bascule est maintenu en place par une deuxième voiture d'entraînement sous le niveau de l'eau, qui est reliée au bateau au-dessus, le gardant en position pendant tout le trajet.
U.R.R : Quelle est la montagne russe la plus “extrême” que Mack Rides ait jamais conçue ?
M.R.E.T : “Extrême” est un terme qui ne nous concerne pas réellement. Qu'est-ce qui est extrême ? Les forces les plus négatives ? Les plus élevées ? Les plus rapides ? En ce sens, notre montagne russe la plus ambitieuse est jusqu'à aujourd'hui Helix au parc suédois de Liseberg : 7 Inversions, 2 rampes de lancement, un concept de siège très ouvert.
U.R.R : Les gens pensent souvent que l'ingénierie mécanique a une connotation très sérieuse, mais ici l'ingénierie est là pour apporter de la joie, pouvez-vous nous parler de cette confrontation entre plaisir et technique ?
M.R.E.T : Pour mes collègues et moi, c'est une chose très spéciale de travailler dans une industrie qui ne vise qu'à créer du plaisir. Notre showfloor étant situé à seulement 30 minutes de notre entreprise, nous visitons souvent Europa-Park pour recueillir les réactions des visiteurs qui ont expérimenté nos manèges. C'est un sentiment formidable d'aller travailler et de savoir que l'on crée un produit dont le seul but est d'apporter de l'excitation et de la joie.
Units Research Review : Comment votre entreprise a-t-elle commencé à travailler dans le secteur des montagnes russes ?
Mack Rides Engineering Team : La famille Mack a fondé l'entreprise en 1780 à Waldkirch en Allemagne. Paul Mack était un artisan, responsable de la distribution de l'eau de la ville. Il créait également des petites voitures à cette époque. Au fil des décennies, les trains se sont développés et la famille Mack est devenue une entreprise réputée pour ses wagons de transport de personnes et de marchandises. Les wagons étaient utilisés par les équipes de construction, le cirque et pour la construction de maisons mobiles temporaires.
C'est là que le lien avec le carnaval entre en jeu dans notre histoire. Notre ville natale, Waldkirch, est connue pour sa facture d'orgues, avec de nombreuses entreprises dans le domaine. Ces orgues étaient un élément clé sur de nombreux terrains de foire, mais ils étaient grands et lourds. Pour leur transport, les fabricants d'orgues ont demandé à notre société de construire des plateformes mobiles (pour transporter l'instrument de musique d'un endroit à l'autre). Nous avons ensuite créé de nombreuses pièces détachées pour les carrousels et nous nous sommes lancés dans le commerce des manèges.
Notre première montagne russe a été construite en 1921 dans la ville de Bâle, juste de l'autre côté du Rhin en Suisse. Les temps étaient assez durs pour l'industrie, car l'inflation a frappé l'Allemagne de plein fouet à cette époque. Ce premier manège était en bois avec des wagons individuels et un système de levage en spirale. La même idée a été utilisée pour nos montagnes russes Eurosat et Euromir à Europa-Park. C’était un manège transportable qui a beaucoup voyagé et a été vendu d'abord au Tivoli au Danemark et ensuite à un parc en Suède où il a brûlé dans les années 1950.
U.R.R : Pouvez-vous nous expliquer le processus de conception d'une montagne russe ?
M.R.E.T : Pour concevoir une montagne russe, les étapes sont toujours les mêmes :
U.R.R : Dans le domaine des montagnes russes, d'où vient l'innovation, est-ce de la “créativité brute” ? des développements techniques ? ou des deux ?
M.R.E.T : En gros, c'est la créativité et la volonté de mettre sur le marché quelque chose de nouveau, qui n'a jamais été fait auparavant. Bien sûr, il y a les limites liées aux forces et à ce qui est techniquement possible, mais nous essayons de penser constamment à de nouveaux moyens et à de nouvelles idées.
Beaucoup de concepts sont tirés de la voltige aérienne. Nous nous intéressons aussi à d'autres sports à haute adrénaline afin de créer une expérience similaire mais pour un public beaucoup plus large.
Certaines de nos idées proviennent des phases de développements ou d'évolutions des anciens manèges. Les nouvelles technologies nous aident à créer de nouveaux produits comme les lanceurs de montagnes russes — sans l'innovation d'un moteur synchrone linéaire, nous n'aurions pas été en mesure de créer un tel produit. Ce n'est donc pas toujours l'innovation de notre entreprise, mais également ce que nous proposent nos partenaires.
U.R.R : Comment prototypez-vous une nouvelle montagne russe ?
M.R.E.T : Aujourd'hui, tout est fait par simulation informatique. Nous prenons les différentes données pour travailler virtuellement à la volée. Nous pouvons même prendre des parties de nos trains et les pousser à travers une voie virtuelle pour voir comment elles se comportent et s'il y a des collisions que nous devons éviter.
À l'ère pré-informatique, nous installions tous nos manèges et montagnes russes dans notre usine et nous les testions encore et encore avant de les démanteler et de les expédier. Dans les parcs, nous les remontions, les testions et les mettions en service.
Bien sûr, certains systèmes de manèges ont encore aujourd'hui des prototypes que nous essayons de tester à petite échelle afin d'avoir une idée de la sensation qu'ils procurent. Mais c'est plutôt rare, nous faisons 80% par simulation.
U.R.R : Quelle est alors la démarche pour obtenir les sensations que le public va expérimenter ?
M.R.E.T : Les montagnes russes fonctionnent sur deux sensations : la peur pendant l’attraction, et le soulagement après. Si vous n'êtes pas un visiteur régulier des parcs d'attractions, vous serez excités par le risque que vous allez prendre en faisant une boucle ou une inversion. Plus généralement, la hauteur est un élément toujours très excitant.
En ce qui concerne les mouvements des voitures et des passagers, nous travaillons avec différentes forces g, qu’elles soient positives ou négatives. À moins d'être pilote de chasse, c’est une sensation que peu de gens peuvent expérimenter. Tous ces éléments combinés en quantités suffisantes nous permettent d'obtenir des montagnes russes parfaites.
U.R.R : La plupart des montagnes russes ont tendance à communiquer sur la taille, la vitesse, la hauteur, y a-t-il d’autres alternatives ?
M.R.E.T : La communication et le marketing avec des statistiques c’est sympa, et de nombreux parcs d'attractions ne comptent que sur cela. Mais une bonne montagne russe n'a pas besoin de chiffres. C'est ce que nous essayons toujours de communiquer. Au delà de la communication c’est le ressenti qui compte par une bonne combinaison d'excitation, visuelle et physique.
U.R.R : Les montagnes russes sont généralement constituées de structures métalliques brutes, sans aucune dissimulation technique. Pouvez-vous nous expliquer les liens entre visibilité technique et expérience ?
M.R.E.T : Nous travaillons avec ces effets visuels tout le temps — même lorsque les montagnes russes ne sont pas à l'intérieur d'un bâtiment. Vous pouvez donner l'impression que les montagnes russes sont plus rapides, lorsque vous vous approchez des structures extérieures ou que vous les rapprochez du sol. Par des jeux de pénombre et de lumières directionnelles, vous pouvez tromper les sens, notamment sur la taille et la proximité des éléments. Un bon exemple est notre montagne russe Helix à Liseberg, qui est construite pour s'adapter exactement à la pente d'une colline. Ce n’est pas la plus haute de nos montagnes russes, mais la combinaison de la proximité au sol et des éléments extérieurs rendent son expérience exceptionnelle.
Le Rocking Boat est un autre bon exemple : ici nous n'avons pas de sécurité, au premier regard. Notre technologie se situe sous le niveau de l'eau et donc hors de la vue des passagers. Imaginez un bateau qui se trouve en pleine mer et qui sera poussé par les vagues — à première vue, cela semble effrayant et dangereux mais vous pouvez voir l'ancre au sol pour maintenir le bateau en position. Et c'est ce que nous faisons : le bateau à bascule est maintenu en place par une deuxième voiture d'entraînement sous le niveau de l'eau, qui est reliée au bateau au-dessus, le gardant en position pendant tout le trajet.
U.R.R : Quelle est la montagne russe la plus “extrême” que Mack Rides ait jamais conçue ?
M.R.E.T : “Extrême” est un terme qui ne nous concerne pas réellement. Qu'est-ce qui est extrême ? Les forces les plus négatives ? Les plus élevées ? Les plus rapides ? En ce sens, notre montagne russe la plus ambitieuse est jusqu'à aujourd'hui Helix au parc suédois de Liseberg : 7 Inversions, 2 rampes de lancement, un concept de siège très ouvert.
U.R.R : Les gens pensent souvent que l'ingénierie mécanique a une connotation très sérieuse, mais ici l'ingénierie est là pour apporter de la joie, pouvez-vous nous parler de cette confrontation entre plaisir et technique ?
M.R.E.T : Pour mes collègues et moi, c'est une chose très spéciale de travailler dans une industrie qui ne vise qu'à créer du plaisir. Notre showfloor étant situé à seulement 30 minutes de notre entreprise, nous visitons souvent Europa-Park pour recueillir les réactions des visiteurs qui ont expérimenté nos manèges. C'est un sentiment formidable d'aller travailler et de savoir que l'on crée un produit dont le seul but est d'apporter de l'excitation et de la joie.